En 2024 … Ensemble, osons !
Mes chers compatriotes,
Pour notre chère Côte d’Ivoire, 2024 ne sera pas une année comme les autres. Dans quelques jours, notre pays accueillera tout notre continent. Ensemble, nous célébrerons la Coupe d’Afrique des Nations. C’est une joie et un honneur. Nous le ferons avec la chaleur et le sens de l’hospitalité qui caractérisent notre peuple. Je forme le vœu que cette grande fête du football soit une pleine réussite. J’adresse aux Eléphants mes souhaits de victoire. Notre Nation tout entière est à leurs côtés, vibre avec eux, les encourage et les encouragera tout au long de la compétition.
Cette grande fête sera pour nous tous un moment d’unité et de communion nationale. Mais ces mois de janvier et février ne doivent pas constituer une simple parenthèse. 2024 doit être l’année de l’affermissement de notre unité. Nous connaissons nos handicaps et nos insuffisances : une gestion de l’Etat trop souvent marquée par l’entre-soi, le clanisme et la corruption ; une réconciliation bâclée faute d’engagement politique suffisant ; des inégalités sociales criantes liées à des inégalité des chances et des droits ; la pauvreté de trop nombreux Ivoiriens, durement éprouvés par la cherté de la vie ; la question de la dégradation des mœurs, celle de la délinquance et aussi de la désespérance avec tant de suicides et meurtres crapuleux ; des menaces extérieures aussi, qui nous obligent au dépassement et à la cohésion.
Sénèque disait fort justement : « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ». Alors, en 2024, ensemble, osons !
Ensemble, osons une réconciliation franche et sincère, une réconciliation pleinement achevée ! Cela passe par la repentance et le pardon : repentance des auteurs de crimes et violations des droits de l’homme ; pardon des victimes consécutif à des réparations dignes et justes et à des réformes consensuelles de notre vie politique et sociale. Cela implique la reconnaissance de toutes les souffrances, la libération des derniers prisonniers de nos différentes crises politiques, le retour au pays de tous les fils encore en exil, la réintégration dans le champ de notre citoyenneté de toutes les personnalités publiques de premier plan qui en sont encore exclues. En dépit des efforts de normalisation de notre vie publique, le chantier demeure inachevé. En 2024, poursuivons-le avec détermination ! La réconciliation nationale est la clé de la paix.
Ensemble, osons la cohésion sociale ! Je connais les difficultés que la cherté de la vie fait peser sur le quotidien de nombre d’entre nous. Après les produits de première nécessité comme le riz, l’huile, les cubes d’assaisonnement, c’est désormais le prix de l’électricité qui subit en ce début d’année une envolée dramatique de 10%. Le pouvoir d’achat est gravement amoindri par cette inflation. Le budget de l’Etat est en augmentation. La croissance économique progresse. Le pouvoir d’achat des Ivoiriens, lui, régresse. Notre pays doit se tenir résolument aux côtés des plus fragiles de ses enfants. En 2024, dans la difficulté, chacun doit pouvoir compter davantage sur la solidarité de la Nation.
Ensemble, osons la bonne gouvernance des affaires publiques ! Je me félicite des progrès économiques réalisés par notre pays, en matière de développement des infrastructures notamment, grâce au soutien du FMI et de la Banque Mondiale. Mais le montant de notre dette obère l’avenir et une corruption systémique gangrène l’économie. En dépit de certaines initiatives, la volonté d’éradiquer ce fléau reste à démontrer. La corruption nuit à la confiance, décourage l’investissement et handicape notre activité. La lutte contre la corruption, c’est aussi la capacité de dégager des moyens supplémentaires pour construire des classes, bâtir un système de santé auquel chacun ait accès, un habitat digne. En 2024, battons-nous collectivement pour imposer une bonne gouvernance.
Ensemble, osons l’impartialité de l’Etat ! Un Etat impartial et juste, c’est un Etat qui n’est pas au service d’un parti politique ni d’une communauté ethnique ou religieuse ; c’est un Etat dans lequel on cesse de confondre le politique et l’administratif, un Etat dans lequel tous nos concitoyens, quels que soient leurs patronymes, leurs origines, leurs choix politiques, bénéficient des mêmes opportunités en termes de nominations, de progression de carrière, des mêmes chances tout simplement, un Etat dans lequel il n’existe pas de discrimination dans l’administration et la haute fonction publique. En 2024, enterrons le clanisme, le népotisme. Osons l’impartialité de l’Etat, osons la République.
Ensemble, osons la responsabilité ! Être responsable, c’est refuser tout comportement de nature à fragiliser notre pays. Le rassemblement est plus que jamais nécessaire au regard des périls qui menacent la Côte d’Ivoire. Le volontarisme de nos dirigeants a jusqu’ici contribué à protéger notre pays du risque djihadiste. Mais le contexte menaçant, tant sous-régional qu’international, nous impose de savoir anticiper de nouvelles crises susceptibles d’ébranler la stabilité de la Côte d’Ivoire. La sécurité n’est pas seulement d’ordre militaire. Aux efforts militaires, il faut associer une diplomatie plus dynamique. Il faut trouver le chemin pour apaiser nos relations avec nos voisins. Notre institution régionale, la CEDEAO, est affaiblie pour n’avoir pas su juguler le coup d’Etat intervenu le 26 juillet dernier au Niger. Symbole de notre intégration sous-régionale, la CEDEAO doit être renforcée. En 2024, pour nous préserver, sachons tourner définitivement la page de toutes les tensions anciennes et prévenir les nouvelles tensions possibles. Osons la responsabilité dans la solidarité !
Mes chers compatriotes, en 2024 osons donner le meilleur de nous-mêmes et tout deviendra plus facile pour notre pays, pour chacune et chacun de ses enfants.
Je souhaite à chacune et à chacun d’entre vous une très belle et heureuse année 2024 !
Pascal Affi N’Guessan
Président du Front Populaire Ivoirien