Vision politique
Notre vision politique s’inscrit résolument dans les valeurs d’humanisme et d’universalisme, chères au grand courant de la social-démocratie. C’est sur la base de ces valeurs, marqueurs de son identité, que le FPI, parti de tout le peuple ivoirien, dépositaire de l’héritage de la gauche ivoirienne, a naturellement vocation à relever le flambeau de la renaissance de la Côte d’Ivoire. Cela constitue le socle de mon engagement personnel, hier pour le multipartisme, demain pour une Côte d’Ivoire durablement ancrée dans la paix, modèle pour notre continent.
Pourquoi ce mot de « renaissance » ? La Côte d’Ivoire moderne est née une première fois le 7 août 1960, avec notre indépendance. Six décennies plus tard, notre pays a pris toute sa place parmi les puissances qui comptent, en Afrique et dans le monde. En revanche, la Nation ivoirienne reste à bâtir, une Nation réconciliée, unie et solidaire, dans laquelle toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens se considèrent comme des frères et des sœurs, divers mais liés par l’essentiel : la fraternité, la solidarité, un sentiment fort d’appartenance commune et de destin partagé.
C’est cela que j’appelle « la renaissance ». C’est pour cette raison que nous combattons de toutes nos forces le clanisme, le tribalisme, l’extrémisme ; ces dérives sournoises constituent des ferments de division, de haine et de confrontations mortifères ; ces maux empêchent en réalité Ia formation de cette Nation ivoirienne que j’appelle de mes vœux, cette Nation qui transcende nos différences.
Parce-que nous sommes humanistes, notre vision se décline sous la forme d’un projet qui place l’homme, son épanouissement personnel, au cœur de notre démarche. Nous le considérons comme un être de raison et de responsabilité. Pour lui, nous défendons des valeurs de progrès, de liberté, d’égalité des chances et des droits, de démocratie, de dialogue, de responsabilité, de fraternité. Cette vision est forte. Elle n’est pas négociable. Nous avons la certitude que notre pays sera plus puissant encore si un Etat véritablement impartial et protecteur de tous ses enfants inspire confiance à chacun d’entre nous. Nous savons aussi qu’aucun gouvernement, jamais, ne doit exposer ses concitoyens. En toute circonstance, il a vocation, toujours, à les protéger. C’est son devoir.
Combattants résolus de la liberté, notre lutte a permis hier l’instauration du multipartisme. Attachés aux libertés, nous nous battons désormais pour qu’elles se déclinent sur le plan de la vie politique mais également dans le champ social.
Sur le terrain politique, parce-que notre vision est celle d’une Côte d’Ivoire de paix, nous devons, tous ensemble, apprendre à résoudre nos conflits autrement que par la violence. Nous savons que seul un dialogue inclusif permettra d’anticiper et de résoudre les problèmes, en évitant de nouveaux drames. Nous sommes par conséquent résolument engagés dans le processus de décrispation de notre vie publique et de réconciliation. Nous sommes favorables à un schéma de justice transitionnelle pour identifier l’origine de nos crises, reconnaitre toutes les souffrances, tous les morts, écouter l’expression de toutes les douleurs, et réparer toutes les violences subies dans tous les camps, réparation d’ordre matériel bien sûr, mais aussi symbolique. Nous devons affermir la démocratie, avec des règles acceptées par tous ; nous devons admettre que nous pouvons alternativement gagner ou perdre une élection et que l’alternance n’est jamais une tragédie.
Sur le plan social, notre vision est celle de l’économie sociale de marché, un projet de développement pour tous, qui ne laisse personne au bord de la route, qui refuse les inégalités scandaleuses, sources d’instabilité, de violence et de crise. Ici aussi, nous portons une vision globale, qui s’adresse à tous les Ivoiriens, dans toutes les sphères de leur vie : l’école, que nous souhaitons gratuite et mieux adaptée à nos réalités ; la santé, qui doit être accessible à tous ; et bien sûr le travail avec la nécessité de professionnaliser le secteur informel, de passer demain de l’économie agricole à l’ère de l’industrialisation, avec l’émergence de champions nationaux auquel l’Etat apportera son soutien.
Sur le plan international, notre vision s’appelle l’universalisme. Être universaliste, c’est considérer que nous formons tous une seule humanité, exposée aux mêmes défis qu’il nous appartient de relever ensemble : le terrorisme, le réchauffement climatique, les épidémies, le nationalisme et tant d’autres. L’universalisme, c’est pour les Africains que nous sommes, s’inscrire dans une Union solide, construite pas à pas autour du principe de subsidiarité. C’est être décentralisateur et admettre que certaines questions se règlent au plus près du terrain : au niveau étatique, régional ou même du village ; c’est accepter aussi une forme de supranationalité lorsque cela est nécessaire, à l’échelon de la sous-région ouest-africaine, voire parfois du continent. Notre vision, c’est celle d’une Côte d’Ivoire qui imprimera sa marque dans notre environnement régional et continental, moteur de l’intégration ouest-africaine, bouclier face à la menace terroriste.
L’universalisme s’inscrit enfin dans l’image que nous avons de nous- même, celle d’un peuple accueillant et d’une terre d’hospitalité. Terre de brassage, pays d’immigration. La Côte d’Ivoire doit rester ce pays ouvert et fraternel aux autres peuples d’Afrique. Notre vision, c’est celle d’une Côte d’Ivoire exemplaire et fière d’avoir su trouver en elle de nouveaux ressorts pour aller plus loin encore, une Côte d’Ivoire qui demain, saura inspirer le monde.
Pascal Affi N’Guessan