FPI : DÉCLARATION SUR LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA SANTÉ DES VÉGÉTAUX

Dans le monde, 80% de la nourriture que nous consommons sont constitués de végétaux. Ce sont eux qui produisent 98% de l’oxygène que nous respirons. D’après l’Organisation des Nations unies, à travers le commerce international, les ravageurs et les maladies des végétaux se propagent d’un pays à l’autre par voie postale traditionnelle ou par l’intermédiaire de services de livraison rapide et de fret aérien ou maritime. Dans ce contexte, des plantes en bonne santé peuvent contribuer à éliminer la faim, à réduire la pauvreté, à protéger l’environnement et à stimuler le développement économique. D’où la journée internationale de la santé des végétaux décrétée le 12 mai.

Chaque année, jusqu’à 40% de la production végétale est détruite par des ravageurs, ce qui équivaut à des pertes commerciales pouvant atteindre 220 milliards de dollars américains. C'est dans ce cadre que la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) a été créée et  ratifiée par 184 pays pour prévenir l’introduction d’organismes nuisibles dans certains territoires, préserver les végétaux et promouvoir un commerce sans risque en instaurant des normes internationales et en aidant les pays à les mettre en œuvre.       

La Côte d'Ivoire peut par conséquent s’appuyer sur les normes internationales afin de mettre au point sa législation phytosanitaire et renforcer les exigences à l’importation à l’échelon national. Pour surmonter ces défis, le décret nº 89-02 relatif à l'agrément, la fabrication, la vente et l'utilisation des pesticides en Côte d'Ivoire et le Règlement C/REG.3/05/2008 de la soixantième Session ordinaire du Conseil des ministres de l'espace du Conseil économique des États de l'Afrique de l'Ouest, CEDEAO, portant harmonisation des règles régissant l'homologation des pesticides ont fait l'objet d'un consensus.

Ces deux outils, qui sont présentés comme des mécanismes de régulation rigoureuse, n'ont pas réussi à contrer durablement la dégradation des végétaux. Selon leurs contenus, tout pesticide importé ou fabriqué, ici, en Côte d'Ivoire ou partout dans l'espace de la CEDEAO, doit au préalable faire l'objet d'un agrément accordé par arrêté du ministère de l'Agriculture sur proposition du Comité des pesticides, ou bénéficier d'une autorisation provisoire de vente.

Les enjeux sont tant biologiques et écologiques qu’économiques et humains. La santé du végétal a toujours constitué un enjeu important pour les productions végétales sur le plan économique. Mais l’accroissement et la mondialisation des échanges, les changements climatiques ou encore la pression démographique sont autant de facteurs qui accélèrent l’évolution des bio-agresseurs (les ravageurs, les maladies, les agents pathogènes émergents, les espèces exotiques envahissantes) augmentent les risques qui leur sont associés.

Pour ce qui concerne la Côte d'Ivoire, il y a trois enjeux qu’il faut considérer et prendre en compte :

-          Premièrement, sécuriser la production alimentaire pour nourrir la population ivoirienne.

-          Deuxièmement, préserver la santé publique.

-          Et troisièmement, garantir les intérêts environnementaux et la biodiversité.

Quand l'on évoque le végétal et son état sanitaire, ce n’est pas seulement parler des productions végétales en agriculture, c’est aussi aborder les productions du jardinier amateur, les végétaux d’ornement et la flore endémique dans son ensemble. Cela implique le recours croissant à une gestion raisonnée de la problématique sanitaire des végétaux, à la réduction des pesticides nocifs, à l’utilisation d’intrants à faible impact environnemental et à l'optimisation de l'usage des intrants, pour assurer la santé globale des productions, sans perte de qualité ni de rendement des végétaux en général.

Certaines approches plus globales et plus intégrées, dont le principe est de globaliser la production de connaissances tout en proposant des solutions localement efficaces, pourraient renforcer l’efficacité des efforts pour comprendre et gérer l’impact des bio-agresseurs tout en préservant l’environnement et la santé humaine. Le changement climatique et les activités humaines ont modifié les écosystèmes, réduit la biodiversité et créé de nombreuses niches où les parasites et les maladies prospèrent. Dans le même temps, les parasites qui s'attaquent aux végétaux sont susceptibles de se propager rapidement aux quatre coins de la planète à la faveur des déplacements et des échanges internationaux, qui ont triplé de volume au cours de la dernière décennie, entraînant des dégâts considérables aux plantes indigènes et à l'environnement.

Protéger les végétaux contre les organismes nuisibles et les maladies est beaucoup plus rentable que de faire face à des urgences phytosanitaires coûteuses de grande envergure. La prévention est essentielle pour conjurer les effets dévastateurs des ravageurs et des maladies chez les végétaux.  De façon collective et/ou individuelle, chaque être humain a un rôle à jouer. En effet, protéger les végétaux, contre leur destruction est beaucoup plus efficace et rentable par l'anticipation et la prévention que d'y faire face avec de grands moyens lors des urgences phytosanitaires de grande envergure. C'est pourquoi le Front Populaire Ivoirien envisage de proposer des solutions qui s'articulent autour des points suivants :

- l’environnement et la préservation de la biodiversité,

- la recherche pluridisciplinaire,

- l’innovation,

- les filières professionnelles et la formation,

- les secteurs d’application et de valorisation des pratiques,

- le développement économique.

À côté de cela, le FPI se propose de créer une plate-forme d’échanges et de travail sur les plantes médicinales, de construire un Centre National de Recherche en Pharmacopée et Médecine Traditionnelle, de développer des formations spécifiques, qualifiantes et diplômantes, de dresser un répertoire des végétaux de chaque région de la Côte d'Ivoire.

Antoinette KOUKOUGNON

VICE-PRÉSIDENTE CHARGÉE DE L'ÉCOLOGIE ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE