Depuis sa suspension du FPI, Pierre Dagbo Godé s’est lancé dans une bataille contre le président du parti, Pascal Affi N’Guessan. Cependant, pour Jean Bonin, ancien cadre du FPI, cette initiative est vouée à l’échec. Entre accusations judiciaires et contestations internes, la crise reflète un conflit de leadership au sein du parti, alors que le congrès se profile.
La suspension de Pierre Dagbo Godé, prononcée par le Comité central du FPI le 22 octobre 2024, est le dernier épisode en date d’une longue série de tensions internes. Accusé de « manquements aux dispositions statutaires et réglementaires », Pierre Dagbo Godé est particulièrement visé pour avoir initié des procédures judiciaires contre le FPI et son président, Pascal Affi N’Guessan. Cette action en justice découle d’une rupture de l’accord politique entre le FPI et le RHDP, un partenariat dont la fin a été avalisée par le parti. Toutefois, Pierre Dagbo Godé semble ne pas l’accepter, plongeant ainsi le FPI dans une crise profonde. Dans un entretien, il a affirmé que sa suspension n’est qu’une manœuvre désespérée de la part d’Affi N’Guessan, qu’il accuse de « panique ». Il explique qu’Affi cherche à étouffer la démocratie interne en tentant de rester le candidat unique au congrès de novembre. Fort de sa conviction qu’il a la majorité du côté des militants, Dagbo Godé promet de le défier sur le terrain électoral. Si sa candidature est rejetée, il n’exclut pas de porter l’affaire devant la justice, affichant ainsi « sa détermination à se battre jusqu’au bout pour la transparence et la démocratie interne au FPI ».
Une démarche « contradictoire et contreproductive »
Face à cette situation, Jean Bonin, ancien proche d’Affi N’Guessan et actuel président du FIER, dresse un constat sévère. Pour lui, la démarche de Dagbo Godé est tout simplement « contradictoire et contreproductive ». Il pointe du doigt les incohérences de ce dernier, notamment sa volonté de participer au congrès tout en cherchant à le bloquer par des recours judiciaires. À ses yeux, la stratégie de Dagbo Godé relève plus d’une frustration personnelle que d’une vision politique mûrie. Jean Bonin souligne par ailleurs l’absence de fief électoral de Dagbo Godé, comparant sa tentative de renverser Affi N’Guessan à celle, infructueuse, des partisans de Laurent Gbagbo, qui avaient fini par créer un autre parti, le PPA-CI. Et déduit « la solitude de Dagbo Godé dans son combat ». Soulignant que contrairement à Affi N’Guessan, qui garde le contrôle du FPI, Dagbo Godé semble s’appuyer sur des soutiens dispersés et des initiatives judiciaires fragiles. Jean Bonin doute sérieusement de sa capacité à prendre le leadership du FPI, là où, même les ténors du parti n’ont pas réussi à déloger Affi. Son conseil à Dagbo Godé est clair : « il doit cesser ses manœuvres juridiques et se concentrer sur le terrain politique, là où la vraie bataille se jouera ».
Entre ambitions et réalité du terrain
Si Dagbo Godé Pierre affiche une détermination inébranlable, la réalité est moins favorable à ses ambitions. La suspension décidée par le Comité central du FPI reflète une ligne dure face à ses contestations. Dagbo est accusé d’avoir sapé l’autorité du parti en appelant à la justice et en tentant de renverser les décisions de la direction. Ces actions sont perçues comme des tentatives de déstabilisation, ce qui a conduit à sa suspension temporaire, dans l’attente d’une décision définitive lors du congrès. Pour le FPI, cette crise interne s’inscrit dans une longue tradition de divisions et de querelles de leadership. Alors que le congrès approche, les regards se tournent vers Pascal Affi N’Guessan, qui semble, pour l’instant, maintenir une emprise solide sur le parti. La candidature de Dagbo Godé pourrait être un signal de changement, mais à en croire Jean Bonin, elle ne représente pas une véritable menace pour Affi. Le FPI continue d’avancer, mais la bataille pour son contrôle révèle les failles d’un parti en quête de stabilité et de cohésion.
Armand BLEDOU
SOURCE : www.nordsud.info