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COMMISSION ÉLECTORALE IVOIRIENNE : LE FPI EXIGE LA DÉMISSION DE KUIBIERT ET SON ÉQUIPE

Une crise politique qui s’intensifie à six mois des élections

 

A six mois des élections présidentielles prévues en octobre 2025, la Côte d’Ivoire traverse une nouvelle crise politique majeure centrée sur la Commission électorale indépendante (CEI). Dans une conférence de presse tenue ce jeudi 17 avril 2025 au siège du Front populaire ivoirien (FPI) à Abidjan Cocody-Les II Plateaux les Vallons, Pascal Affi N'Guessan, président du FPI, a formellement exigé la démission immédiate du président de la CEI, Ibrahime Kuibiert Coulibaly, ainsi que de l’ensemble des membres de cette institution chargée d’organiser les élections.

 

 

 

L’annonce intervient dans un contexte de tensions croissantes, après que le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) ont déjà retiré leur confiance à la CEI la semaine dernière.

 

« Le processus électoral est en crise »

 

Dès l’ouverture de sa conférence de presse, Pascal Affi N’Guessan a dressé un tableau alarmant de la situation électorale actuelle : « Le processus électoral devant conduire la Côte d’Ivoire, notre pays, à des élections pacifiques, transparentes, démocratiques et crédibles en octobre 2025, est en crise. Crise de légitimité, crise de crédibilité, crise de confiance. »

 

 

Cette « crise tridimensionnelle », comme l’a qualifiée le président du FPI, s’est manifestée publiquement par le retrait successif de plusieurs partis d’opposition de la CEI, créant une impasse politique à l’approche des échéances électorales.

 

La riposte du parti au pouvoir

 

Face à cette fronde de l’opposition, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir, a organisé son point de presse hebdomadaire le mercredi 16 avril. Une sortie médiatique que le président du FPI a minutieusement décortiquée.

 

 

« La sortie du porte-parole du RHDP a été consacrée exclusivement à la situation qui prévaut à la CEI, » a expliqué Affi N’Guessan, citant le parti présidentiel qui considère que « des adversaires politiques veulent se servir de ce prétexte pour tenter de perturber le processus électoral en cours et le cas échéant, justifier leur probable refus d’aller à une élection qu’ils savent qu’ils n’ont aucune chance de remporter. »

 

Le leader du FPI a rappelé que lors de cette conférence de presse, le RHDP avait insisté sur le fait que « la CEI n'est ni l'œuvre ni l’invention du pouvoir RHDP » et que les différentes réformes de cette institution (2014, 2019 et 2020) avaient été « opérées de façon consensuelle à l’issue de discussions entre toutes les parties prenantes. »

 

 

Il a également relevé l’assurance donnée par le porte-parole du RHDP que « le processus électoral suivra son cours jusqu’à bon port nonobstant les tentatives désespérées d’opposants déboussolés qui n’ont qu’un seul projet : faire déraper le calendrier électoral dans le funeste but d’instaurer un régime de transition. Là encore, ils vont lamentablement déchanter. »

 

La controverse autour de la rencontre avec les leaders religieux

 

Le second événement qui a cristallisé les tensions est la rencontre organisée par le président de la CEI, Ibrahime Kuibiert Coulibaly, avec des leaders religieux. Une initiative que Pascal Affi N’Guessan a vivement critiquée, la qualifiant de manœuvre politique.

 

« Le président de la CEI a tenu à rencontrer les hommes de Dieu, à appeler au secours les hommes de Dieu, à tenter de séduire les hommes de Dieu pour les rallier à sa cause et les utiliser dans son combat contre les partis politiques de l’opposition, » a dénoncé le président du FPI, ajoutant qu’il s’agit d’« une manœuvre détestable de tenter d’utiliser Dieu contre des adversaires politiques. »

 

Avec une formule percutante, Affi N’Guessan a ajouté : « Il sait qu’il peut distraire les hommes, mais il ne peut pas séduire Dieu par la malice. C’est une vaine entreprise. »

 

Le leader du FPI a particulièrement réagi aux propos que Kuibiert aurait tenus aux leaders religieux : « Qu’avez-vous fait de mal ? Ce qu’on vous a fait c’est exactement ce qu’on veut me faire aujourd’hui. Alors que je suis irréprochable comme vous le fûtes. » Une déclaration qui, selon Affi N’Guessan, démontre que « le président de la Commission électorale indépendante est rentré dans une logique de diabolisation de l’opposition politique, dans une logique de combat contre l’opposition politique. »

 

« Nous ne sommes plus des partenaires, nous sommes des adversaires »

 

Pour Pascal Affi N’Guessan, cette posture du président de la CEI révèle une rupture fondamentale dans la relation entre l’institution électorale et les partis d’opposition : « C’est donc dire que nous sommes des adversaires, nous ne sommes plus des partenaires. Cela veut dire qu’il n’est pas là pour servir l’intérêt de tous les partis politiques, mais il s’est mis dans une posture de détruire l’opposition politique, de prolonger le combat du RHDP. »

 

Face à cette situation, le président du FPI estime que « l’opposition politique doit en tirer les conséquences » et que son parti,  « en tant que parti politique désireux de conquérir le pouvoir, ne peut plus composer avec le président de la CEI et la Commission électorale indépendante. »

 

Des irrégularités graves dans le processus électoral

 

Affi N’Guessan a également dénoncé des anomalies majeures dans le processus d’enrôlement des électeurs, accusant la CEI de ne pas respecter les critères légaux d’inscription sur les listes électorales.

 

« Comment peut-il expliquer les multiples doublons de 200.000 personnes qui sont en doublons sur la liste électorale ? Comment peut-il expliquer que des personnes enrôlées sont nées avant leurs géniteurs ? » s’est interrogé le leader du FPI, qualifiant ces problèmes d’ « incongruités » qui justifient les revendications de l’opposition.

 

L’appel à une nouvelle CEI

 

En conclusion de sa conférence de presse, Pascal Affi N’Guessan a lancé un appel sans équivoque : « Nous considérons que la CEI actuelle dirigée par Kuibiert a échoué et qu’en conséquence, M. Kuibiert et l’ensemble des membres de la Commission électorale indépendante doivent en tirer les conséquences et démissionner pour qu’une nouvelle Commission électorale indépendante soit mise en place. »

 

Cette déclaration, applaudie par l’assistance composée majoritairement de journalistes et de membres du secrétariat général du FPI, marque une nouvelle escalade dans la crise politique ivoirienne.

 

 

Le président du FPI a précisé que son parti allait « se donner tous les moyens démocratiques pour qu’une nouvelle commission électorale soit mise en place, » arguant que l’institution actuelle « a perdu totalement notre confiance » et « s’est engagée dans une bataille contre l’opposition. »

 

Rappelant la permanence des partis politiques face au caractère temporaire des fonctions au sein de la CEI, Affi N’Guessan a conclu sur un ton ferme : « Nous sommes là, c’est lui qui passe. Il a montré qu’il ne peut plus assumer cette fonction dans l’intérêt de tout le monde, il doit dégager. Et avec lui, l’ensemble des membres de son équipe, parce que cette équipe a fait la preuve de son incompétence, cette équipe a fait la preuve qu’elle ne peut pas organiser des élections transparentes et crédibles. »

 

Un avenir incertain

 

A l’heure où la Côte d’Ivoire se prépare à une élection présidentielle cruciale, cette nouvelle crise politique soulève des inquiétudes quant à la possibilité d’organiser un scrutin apaisé et accepté par toutes les parties. La démission exigée par le FPI, qui rejoint les positions du PPA-CI et du PDCI-RDA, pourrait engendrer une recomposition complète de la Commission électorale à quelques mois seulement des échéances électorales.

 

La balle est désormais dans le camp des autorités et du président de la CEI, dont la légitimité est frontalement remise en cause par une partie significative de la classe politique ivoirienne. Dans un pays marqué par des crises post-électorales récurrentes, l’enjeu dépasse largement le cadre institutionnel pour toucher à la stabilité même de la Côte d’Ivoire.

 

Robert Krassault

ciurbaine@yahoo.fr

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