Le destin collectif se construit progressivement, à travers les épreuves de la vie. Chaque peuple a sa propre histoire qui l’authentifie. Celle-ci est bâtie sur le long cours ; à travers les péripéties qui jalonnent son existence. Le vécu individuel et celui qui est à l’œuvre à l’échelle de la famille nucléaire, se fondent et se sédimentent dans le creuset du pandémonium commun. La guerre génère chez les peuples les mêmes frayeurs, ainsi que la même horreur ! La famine occasionne chez les peuples une égale impuissance et des détresses similaires. Et, les moments de grandes victoires, de dimensions collectives, provoquent un bonheur intense et une joie collective unanimement partagés. C’est à ces moments que le peuple s’oublie et se reconnaît dans de rares occurrences de partages mêlés de toutes sortes d’insouciance et de bienveillance…
La Côte d’Ivoire organise présentement la CAN de l’hospitalité ; la CAN de la Joie et du Partage ! Ce rendez-vous des pays africains, dans toutes leurs composantes, met les projecteurs sur les valeurs ivoiriennes, tout en créant une visibilité exceptionnelle sur les qualités d’un peuple qui sort de douloureuses décennies de conflits. Les deux défaites qui ont été concédées lors du premier tour, face au Nigéria ; mais, surtout, contre la Guinée Bissau, ont engendré l’un des plus forts sentiments d’indignation que le peuple de Côte d’Ivoire, ait jamais connus ! La rue a crié son dépit et le dégoût consécutif à ce qu’elle a considéré comme une couardise, un manque de respect et de considération pour le peuple ; pis, une indifférence face aux sacrifices des contribuables dont les diverses contributions ont permis de mettre en place ces conditions quasi parfaites de réalisation d’une telle compétition. L’on a rouspété à souhait et réprimandé toutes les personnes engagées autour de l’équipe nationale. À commencer par l’entraîneur et le Président de la Fédération. L’entraîneur de l’équipe y a perdu immédiatement sa place ; sans autre forme de ménagement. Et, la barque ivoire a failli prendre l’eau de toutes parts. De la base au sommet, le pays a été secoué dans sa dignité, au point de perdre la fringance et la fierté qui l’avaient habité et caractérisé à l’ouverture de cette pompeuse Fête de portée mondiale et historique !
En offrant la Direction de l’équipe à un National – Faé Emerce -, la direction de la Fédération ivoirienne a paré au plus pressé – elle qui a manifesté l’active volonté de recourir à Hervé Renard ; le frère de celui qui venait d’être fraîchement débarqué ! C’est avec une mince expérience, et donc, des regards interrogateurs que ce jeune – ex-international -, a hérité d’un fardeau lourd de symbolisme et de contenu. Les circonstances font les héros, a-t-on appris, par la sagesse des anciens. Le sens de l’humour, la capacité de l’Ivoirien à tout dramatiser et la prise en charge rapide des faits sociaux par les artistes ivoiriens, renforcent une rare intensité de patriotisme chez l’ensemble des Ivoiriens qui se dressent désormais, comme un seul homme, derrière une seule et unique quête : la conquête de la coupe, comme acte de vengeance, seuil de réalisation d’un amour- propre qui élève le peuple à sa dignité fortement mise à mal ; au point de l’ébranler au pied du rendez-vous africain, voire, mondial.
La frayeur écumée s’est transformée en un capital-confiance qui défie tout. Du doute, l’Ivoirien s’est mis dans la carapace d’une confiance qui ne semble guère avoir de limite. Pour une fois, la tergiversation, la fébrilité et l’engagement partiel ont cédé le pas à la motivation, au défi, à la persévérance et à la hargne : vertus cardinales qui couronnent les efforts humains en compétition. On eut pu dire qu’un Ivoirien nouveau est né. Il est le produit des échecs répétés du passé ; des frustrations et des aventures au goût amer, avalées, cependant ; des tristes soirées de deuil national et collectif ravalés ; ainsi que des effrois essuyés le long d’une histoire au long cours. Les Ivoiriens veulent appartenir aux ‘’few happy’’ qui se délectent des vertus de courage et d’engagement et dont l’héroïsme et la persévérance font écoles au sein de l’humanité. Cette séquence de l’histoire est la clé d’une telle Aventure, d’une si vertueuse Détermination et d’une semence de l’Espérance ancrée au cœur d’un patriotisme immaculée qui doit être érigée dans les cœurs de tout le peuple. Il en va de la qualité de notre destin : le Destin commun que l’Ivoirien doit rechercher et semer dans le firmament de son Devenir, au sein d’une Humanité en guerres ; et, où les places se conquièrent grâce à la férocité des caractères.
Voici pourquoi, l’opportunité de l’organisation de cette CAN – que cela soit fortuit, ou providentiel -, doit essaimer dans les cœurs et les esprits de chaque Ivoirien, l’auréole d’un courage et d’une détermination sans calcul dans les choix majeurs qui caractérisent les engagements de nos vies ; et qui nous mènent au cœur de toute expérience humaine. Le Leadership que de nombreux pays ont construit dans les domaines du sport, de la science, de l’art au sein de l’humanité ; ainsi que des activités où se distinguent la dignité et l’idéalité humaines, est ainsi construit, au cours de l’histoire, à l’aune des expériences inédites – comme celle que nous traversons présentement !
A nos marques, donc, chers compatriotes dans la Chevauchée qui conduit au seuil d’un Destin de Pourpre !
Raphaël KOUASSI
Vice-Président du FPI Chargé
de la Culture et des Valeurs ivoiriennes